Cabify revient à Barcelone avec une solution de contournement pour les limites d’attente en cas d’appel de véhicules
Ça n’a pas pris longtemps. En dépit d’un avertissement fort et public selon lequel les modifications apportées à la réglementation sur les véhicules de location privés (VTC) en Catalogne l’obligeraient à quitter définitivement Barcelone et à licencier des milliers de conducteurs, la société espagnole Cabify a annoncé son retour en ville dès aujourd’hui, un mois après son départ.
#Barcelone, te hemos echado de menos. A partir du 7 mars au 7 mars, nous vous invitons à consulter le site 💜 Lo haremos bajo un nuevo modelo de negocio que se adecua a la normativa puesta en marcha por la Generalitat. pic.twitter.com/LAwSZLXlZc
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– Cabify Espagne (@cabify_french) 6 mars 2019
L’entreprise espagnole de tourisme prétend avoir adapté son modèle d’entreprise pour se conformer à la réglementation, introduite par le gouvernement local par décret le mois dernier, qui impose un délai d’attente d’au moins 15 minutes entre la réservation d’un véhicule et la prise en charge d’un passager.
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La Generalitat catalane a déclaré qu’elle veut s’assurer que les taxis et les entreprises de transport en commun ne se disputent pas les mêmes passagers et qu’elle s’est engagée à une restructuration complète de la loi pour éviter que les secteurs ne se chevauchent et n’entrent en conflit – après une série de grèves de taxi qui ont inclus des scènes de violence.
Les nouvelles règles interdisent également aux sociétés de location privées d’afficher la géolocalisation en temps réel des véhicules dans leurs applications avant une réservation. Ce n’est qu’une fois qu’une réservation a été effectuée que le lieu peut être affiché.
Le décret interdit également aux VTC de faire du commerce en circulant librement dans les rues, ce qui les oblige à retourner dans une base, comme un parking ou un garage, pour attendre la prochaine réservation.
Dans un tweet confirmant son retour à Barcelone hier, Cabify écrit qu’à partir d’aujourd’hui, il est de retour dans les rues de la capitale catalane, après avoir adapté son modèle d’entreprise pour se conformer à la nouvelle réglementation, sans toutefois préciser exactement quels changements il a effectués.
Au moment de la rédaction du présent rapport, on n’a pas pu communiquer avec la firme pour obtenir des commentaires. Cabify n’a pas non plus répondu à notre courriel nous demandant si son modèle était adapté.
Mais la presse locale fait état d’une solution de contournement pour imposer des limites d’attente avant que les passagers ne puissent être pris en charge, c’est de passer d’une plate-forme intermédiaire à une entreprise de transport, en collaboration avec une entreprise VTC disposant d’une flotte locale de 300 voitures.
Selon El Pais, les utilisateurs de Cabify sont tenus d’accepter un contrat d’un an renouvelable (via de nouvelles conditions générales de vente), sans frais supplémentaires – et le temps d’attente ne sera alors appliqué qu’une seule fois par client, offrant des trajets à la demande, c’est-à-dire une fois le ” contrat ” en vigueur.
Dans un tweet de suivi à ses utilisateurs sur son retour à Barcelone, Cabify prévient qu’ils doivent accepter ses nouvelles CGV avant de pouvoir reprendre l’utilisation de l’application dans la ville – soulignant sa méthode pour contourner la restriction du temps d’attente. (Les Espagnols ont une phrase – hecho la ley, hecho la trampa – qui semble plutôt appropriée ici.)
Dans une déclaration à El Pais, l’entreprise a évité de commenter la façon dont elle bafoue le décret du gouvernement régional – mais a décrit le modèle d’entreprise adapté comme “pesant”, ajoutant qu’il est supposé “une série de coûts” afin de retourner à Barcelone.
La société compterait sur le fait que le décret de la Generalitat a été annulé comme étant anticonstitutionnel par les tribunaux espagnols. C’est donc un palliatif pour continuer à servir le million d’utilisateurs enregistrés qu’elle prétend avoir en Catalogne.
Nous avons contacté la Generalitat pour commenter le retour de Cabify à Barcelone.
Elite Taxi BCN, l’une des principales associations locales de taxis qui fait pression en faveur d’une réglementation des applications d’appel, a déclaré que les actions de Cabify démontrent, sans aucun doute, qu’elle ne veut pas exploiter un service VTC, mais un service de taxi.
Les taxis affirment que leur secteur est plus fortement réglementé, de sorte que les entreprises qui se comportent comme des taxis constituent une concurrence déloyale.
L’association Elite a également averti qu’elle n’a pas exclu d’autres actions de grève pour protester contre le fait que Cabify fait fi des règles du gouvernement régional.
Alberto Alvarez de @Elite_TaxiBcn : lo que hace Cabify es un fraude de ley porque los 15 minutos de precontratación son para cada servicio. Confiamos en la Generalitat. Si no se cumple la ley nos movilizaremos. pic.twitter.com/HQlsaOSskO
– Antena3Catalunya (@A3Catalunya) 7 mars 2019
Uber a également quitté Barcelone le mois dernier avant l’entrée en vigueur des nouvelles règles, affirmant que le règlement ne lui laisse pas d’autre choix que de suspendre UberX pendant que nous évaluons notre avenir à Barcelone.
Nous avons demandé à l’entreprise si elle avait l’intention de relancer un service dans la ville.